
« On a beaucoup écrit sur les chercheurs de trésors.
Presque jamais sur ceux qui les cachent.
On connaît parfois leur nom, jamais leurs intentions réelles. Ce qui est raconté, c’est généralement l’histoire de ceux qui entreprennent un voyage pour trouver un trésor, les difficultés qu’ils surmontent, les pièges et les fausses pistes. Jack qui essaie d’avoir Long John Silver par la ruse. Howard Carter qui défie la malédiction de Toutânkhamon. Les motivations de celui qui cache le trésor restent un mystère. Je crois que le plus difficile, pour lui, c’est de réussir à se le cacher à lui-même. C’est indispensable, s’il ne veut pas se faire avoir. Il ne suffit pas de creuser un trou, de tout mettre dedans et de s’en aller. Il lui faut laisser une trace. Et je ne saurais dire à quel moment du processus se déclenche le désir de la laisser, ni comment on décide de sa nature, une carte, une légende, une rime, un message codé dans une bouteille – quel beau récit. Néanmoins je sais que ça arrive.
C’est humain. Peut-être parce que la véritable aspiration de ceux qui cachent un trésor est d’être découverts, à l’instar du trésor. »
Morice et Audrey parviendront-ils à percer le lourd secret qui plane sur leur village ?
L’extrait présenté ci-dessus résume parfaitement cet ouvrage qui va vous emmener en Corse, dans le village Dautremere, pour une aventure pleine de mystères ! Un sous-marin, des nazis, le Petit Prince, un trésor et un hôtel délabré vont occuper nos petits détectives pour une enquête palpitante au cœur des secrets de la seconde guerre mondiale et des plus grandes œuvres littéraires.
Je ne lis pratiquement jamais de littérature adolescente (à tort je pense) et j’ai passé un délicieux moment avec ce roman. J’ai retrouvé les plaisirs de la légèreté et de l’insouciance de l’enfance, une belle chasse au trésor comme on n’en fait plus ! Extrait : « J’adore ces histoires d’aventure qu’on dit « pour enfants » [Mathis parlant de L’appel de la forêt]. J’ai presque soixante-quatre ans et je ne me suis jamais rien fait lire d’autre. Ce sont mes préférées. Elles laissent penser que le meilleur est à venir. » L’auteur nous embarque à bord d’un hôtel à l’abandon en Corse, la famille de Morice a décidé de le faire réouvrir. Mais le petit village et la grande bâtisse recèlent de nombreuses énigmes dont la résolution pourrait se trouver dans les pages du Petit Prince de Saint-Exupéry. De nombreuses références littéraires parsèment le récit et ne pourront que donner envie aux lecteurs de les découvrir par la suite (Jack London, Robert Louis Stevenson, Rolad Dahl, Joseph Joffo). Ce livre parle aussi de l’adolescence, des différences au sein d’une fratrie, du deuil et souligne subtilement que c’est en alliant nos forces et nos différences que l’on peut s’en sortir. A cela vous pouvez ajouter l’écriture de Pierdomenico Baccalario mêlant savamment simplicité et poésie. Enfin la couverture est très inspirante et permet de s’évader avant même d’avoir ouvert la première page.
C’est une lecture judicieuse et captivante que je conseille à partir de 12 ans.
Pierdomenico Baccalario est un auteur italien de littérature jeunesse et adolescente. Il a également réalisé des jeux de rôle, de table et des jeux vidéo.
389 p., Éditions Thierry Magnier (2020), traduit de l’italien par Anaïs Bouteille-Bokobza, Titre original : Le volpi del deserto.