Prix du Meilleur Polar Points 2021-2022

Mention spéciale pour l’ambiance islandaise très appréciable dans Trahison de Lilja Sigurdardottir. Une plume pleine de mystères, une alternance des chapitres et des personnages prenante et un scénario politique qui au départ a su capter mon attention. Malheureusement certains aspects sont un peu caricaturaux : les hommes politiques et les policiers corrompus, le SDF plein de bonnes intentions, la relation extraconjugale. Parvenue aux 2/3 du roman je n’avais plus trop de doutes quant au final, ce qui est un peu dommage. J’aime être bousculée par les lectures noires. Toutefois j’ai bien apprécié la figure de Stella, ambivalente, et la thématique de la magie islandaise qui apporte une petite touche fantastique originale. Une lecture agréable et divertissante mais qui ne restera pas dans mon esprit.

Un polar rythmé, bien noir et intense, avec un privé et des protagonistes un peu barrés. L’écriture de Serge Quadruppani est sombre, cinglante et l’auteur manie le verbe avec adresse entre métaphores filées et vocabulaire méticuleusement choisi. L’enquête est prenante. Toutefois je dois bien l’avouer le scénario part un peu dans tous les sens et je me suis souvent perdue, ne sachant plus exactement qui en avait après qui, les changements de points de vue régulier participant à cette confusion. Mais si vous aimez les romans noirs qui déménagent, celui-ci saura sans aucun doute répondre à vos attentes. Le personnage d’Emile K, privé un brin parano, est réellement très intriguant et je suis curieuse de savoir ce qu’il adviendra de lui dans la suite de la trilogie.

Une fois de plus nous sortons de la case polar pour un témoignage sur une tragédie, un roman social bien sombre. Jérôme Leroy retrace les attentats qui ont eu lieu en Norvège (la Norlande ?) en 2011, vus par l’une des victimes. Malheureusement je n’ai pas accroché avec ce roman (au contraire de l’ensemble des autres membres du jury). Je me trouvais à Oslo le jour des attentats et j’en ai eu mon propre ressenti. Une émotion d’autant plus forte qu’il est vrai qu’en Norvège je trouvais formidable de pouvoir vivre sans aucune méfiance envers son prochain. Peut-être est-ce pour cela que je me suis sentie détachée du texte de Jérôme Leroy et que sa lecture fut pour ma part un peu fastidieuse. Je pense que cela reflète les différences de résonance qu’un roman peut avoir selon notre vécu et l’intérêt parfois de lire ou relire certains ouvrages à différents moments de notre vie.

Nous voilà littéralement plongés à Busan en Corée en 1993, au cœur de la mafia, entre piment frelaté, proxénétisme, trafic de drogue, jeux d’argent et guerres de clan, dans un port glauque et crasse où l’on ne peut faire confiance à personne. Il m’a fallu quelques chapitres pour me faire au style et aux nombreux personnages, mais une fois happée j’ai pris énormément de plaisir avec ce roman bien noir aux accents scorcésiens. Le personnage principal, figure type du anti-héros est attachant et je me suis régalée à le suivre dans sa crise de la quarantaine mafieuse – les repas de sashimis et de ramens à n’en plus finir aidant ! La galerie des truands est jubilatoire. Tous tanguent entre amitié et règlements de compte, entre ancienne et nouvelle génération. Dans la première partie le décor se met doucement en place, la tension monte, avant une deuxième partie explosive et sanglante car « Faut toujours regarder la météo avant de prendre le large. Sinon on risque de se prendre une vilaine tempête ».