Les fantômes du vieux pays de Nathan Hill

« La maison, ces derniers temps, songeait-il, était devenue un lieu insupportable.
Comme si tout ce qui y entrait s’y trouvait piégé – la chaleur du dehors, l’odeur de leur corps. La touffeur de la fin de l’été ne leur laissait pas de répit, l’Illinois tout entier semblait fondre. Calciné. L’air épais comme de la colle. Figeant les bougies sur leurs socles, ployant le cou des fleurs. Toutes choses flétries. Échines courbées.
C’était le mois d’août 1988. Durant les années suivantes, Samuel se retournerait sur le passé, regardant ce mois comme le dernier où il avait eu une mère. A la fin du mois d’août, elle aurait disparu. Mais il ne le savait pas encore. Tout ce qu’il savait, c’était qu’il avait besoin de pleurer, pour des raisons abstraites : il faisait chaud, il était inquiet, sa mère se comportait bizarrement. »

Scandale aux États-Unis : le gouverneur Packer, candidat à la présidentielle, a été agressé en public par une femme de soixante et un ans qui devient une sensation médiatique. Samuel Anderson, professeur d’anglais à l’Université de Chicago, reconnaît alors à la télévision sa mère, qui l’a abandonné à l’âge de onze ans. Et voilà que l’éditeur de Samuel, qui lui avait versé une avance rondelette pour un roman qu’il n’a jamais écrit, menace de le poursuivre en justice. En désespoir de cause, le jeune homme promet un livre révélation sur cette mère dont il ne sait presque rien et se lance ainsi dans la reconstitution minutieuse de sa vie, à la découverte des secrets qui hantent sa famille depuis des décennies.

Samuel, professeur, un peu écrivain et grand amateur de jeux vidéos, part à la recherche d’une mère qu’il a peu connue. Faye, indépendante et amoureuse de poésie, marquée par les mouvements féministes de 1968, tente quant à elle d’échapper à son passé. Ces deux destins croisés sont rejoints par d’autres personnages tout aussi troublants : un ami téméraire profondément blessé, une jolie violoniste inaccessible, un éditeur et ancien amant, ainsi qu’un esprit fantomatique, héritage familial venu du froid.

Ce livre m’a été conseillé par mon libraire et j’ai tout de suite accroché à l’idée d’un personnage principal fan de jeux vidéos, écrivain et à une plongée dans les États-Unis des années 60 aux années 2000. Les histoires se croisent, et au fur et à mesure que Samuel revient sur son passé, nous découvrons l’histoire de sa mère et certains moments de l’histoire des États-Unis comme les émeutes à Chicago. J’ai beaucoup apprécié l’aspect historique, le retour sur le féminisme des années 60, les quelques passages liés à la Norvège et ses légendes (et l’intervention du mystérieux Nix), l’entrée dans le monde geek, le questionnement sur l’amour maternel et le relation mère-fils. L’auteur arrive à mêler différents genres, différents pays, différentes cultures et différents sujets d’actualité avec aisance, sans que cela soit dissonant. L’écriture est agréable, et même si l’ouvrage approche les mille pages, il se lit avec beaucoup de plaisir.

Les fantômes du vieux pays est le premier roman de Nathan Hill. Il a été élu Révélation étrangère 2017 par le magazine Lire. Déjà auteur de plusieurs nouvelles, Nathan Hill aura mis dix ans pour l’écrire.

954 p., Éditions Gallimard (2017), Collection Folio, Titre original : The NIX, Traduit de l’américain par Mathilde Bach.

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